La période post natale, si peu reconnue de nos jours, est d’un importance essentielle afin de permettre à la jeune maman et son nourrisson de se remettre de ce processus initiatique et intense qu’est l’accouchement, tant sur le plan physique, émotionnel que spirituel.

Depuis la nuit des temps (et encore dans certaines cultures comme en Afrique, Amérique du Sud, Asie), dans les familles, existe la « période des relevailles » ou Babymoon ou 4ème trimestre de la grossesse, une période de 40 jours pendant lesquels la jeune accouchée se concentre uniquement sur son rétablissement et les besoins de son enfant. Sa communauté : famille, amis, voisins ou une doula se passent le relai pour s’occuper des tâches ménagères, cuisiner, s’occuper des ainés.
Il est aussi important que le mari se repose ou puisse reprendre sereinement son activité professionnel.

Le projet de naissance devient aujourd’hui un besoin qui se fait ressentir spontanément ou se voit proposé aux futurs parents par des professionnels de la maternité. Il s’agit de faire un choix éclairé sur la façon dont le couple souhaite mettre au monde leur(s) enfant(s) et de réunir les conditions favorables pour l’(les) accueillir en toute intimité. Ce dans le cadre d’une maternité, d’une maison de naissance ou à domicile.

Le projet de naissance voit le jour dans un contexte où le couple choisissant d’accoucher en maternité se trouve parfois confronté à des protocoles ou scénarios d’accouchement invasifs voire agressifs (perfusions, monitoring en continu, épisiotomie sans consentement, forceps, ventouse, césarienne d’urgence), des conditions dans lesquelles ils n’auraient jamais pensé mettre leur enfant au monde.

Le projet de naissance vient en soutien de la loi Kouchner du 4 Mars 2002 qui consacre 2 principes :
• Le consentement libre et éclairé du patient aux actes et traitements qui lui sont proposés
• Le droit du patient d’être informé sur son état de santé

Le projet de naissance permet de :

• Cheminer en conscience vers la meilleure façon dont le couple souhaite mettre au monde son/ses enfants
• Créer la possibilité de vivre un accouchement qui soit le plus proche de l’histoire du couple
• Échanger avec les professionnels et favoriser le lien de confiance mutuelle
• Se réapproprier ce potentiel de chaque femme à mettre son enfant au monde
• Se sentir en confiance, ancrée
• Intégrer le rôle du papa

Comment mettre en place mon projet de naissance ?

Avec l’aide d’une sage-femme, d’un gynécologue ou d’une doula, vous pouvez être éclairés sur vos différents choix. C’est un pilier pour le respect de votre éthique et votre choix de mise au monde de votre enfant. Il est néanmoins important de se rappeler que lors d’un accouchement il y a 50% de choix conscients et 50% de mystères, savoir accepter les aléas qui ne permettraient pas de mettre en place une ou toute partie du projet est important. Cela nous amène à une grande leçon de lâcher prise et d’abandon à soi.

Lors des échanges, il sera alors décidé de ce qui peut être accepté ou non, selon les structures et le contexte de la naissance. Ne rien imposer, mais plutôt proposer, collaborer.

Par exemple, si vous souhaitez accoucher dans la pénombre, cela ne sera peut-être pas possible car la salle de naissance ne dispose pas de variateur de lumière. Les choix doivent toujours être en accord avec ce qu’il est possible lors des rendez-vous prénataux.

En maternité, votre projet de naissance sera sous forme écrite et classée dans votre dossier. Lors de l’accouchement, le futur papa ou toute personne proche (famille, ami, doula) peut être là pour rappeler les choix contenus dans le projet de naissance.

Quels sont les choix que je peux faire ?

En préparation à votre accouchement vous pouvez demander à :

• Choisir la position de votre accouchement et liberté de mouvement (sauf si péridurale) selon votre ressenti pendant le travail :
  – position classique sur le dos
  – sur le côté
  – à 4 pattes
  – debout en appui
  – accroupie
  – dans l’eau (selon les maternités)
  NB : Ayez toujours à l’idée que à l’instant T, ce ne soit finalement aucun des choix de posture qui se fait ressentir.
• Avoir un éclairage tamisé
• Ne pas avoir la péridurale sauf si nécessité vitale : visualiser les ressources pour remplacer la péridurale : respirations, soutien affectif, hypnose …
• Ne pas souhaiter d’épisiotomie systématique : être tenue informé de la nécessité vitale d’en faire une si c’est une impasse
• Pouvoir manger et boire
• Apporter sa propre musique
• Ne pas avoir d’ocytocine artificielle systématiquement (pour délivrance du placenta par exemple)
• Avoir votre bébé en peau à peau juste après la naissance, laisser le temps de la première tétée
• Retarder le clampage du cordon ombilical jusqu’à ce qu’il arrête de battre
• Obtenir un petit bout de placenta si souhaite de faire isiothérapie voire garder le placenta pour rituels (enterrer, empreintes, recettes culinaires)
• Avoir la présence d’une personne tierce : doula, meilleure amie

Le voyage vers la mise au monde de son enfant commence par un désir, un projet de couple, un projet solo ou une surprise. Quelque soit les circonstances, chaque femme, chaque couple peut sentir le besoin de vivre le plus consciemment possible cette période unique et intense dans la vie d’un être humain.

C’est une période de puissante transformation et de réalisation et parfois aussi de grande vulnérabilité faite de peurs et d’abandon, de joie et de douleur, de béatitude et de pleurs, mourir à son ancienne vie et renaître à une nouvelle avec son histoire et celle de ses ancêtres, sa propre naissance, ses croyances.

Au cœur de ce précieux passage, c’est en parallèle d’un suivi devenu très médicalisé où le risque est à écarter à tout prix, que le besoin de revenir à soi, à ses sensations devient essentiel. Se faire confiance, développer la gratitude pour ce chemin emprunté.

Vivre consciemment la grossesse en se laissant porter par le flot de la vie, s’abandonner, évoluer au rythme des transformations physiques et émotionnelles, au rythme de l’évolution du bébé, de ce lien d’amour qui se tisse au fil des semaines et honorer sa venue.

Adapter son foyer, ajuster les finances, partager ses ressentis avec son entourage, sentir, observer et accueillir la place que chaque membre de la famille essaie de prendre pour se préparer à la venue de ce petit être.

Vivre consciemment la grossesse en installant des rituels, des temps de reconnexion au sacré par la pratique du yoga (méditation, respiration consciente, chants de mantra, postures), de qi qong, hypnose, sophrologie … comme une ode à la vie qui nourrit l’enfant de toute cette lumière.

De ce désir de vivre en conscience cette grossesse peut émerger le besoin d’être entouré de personnes bienveillantes diffusant un halo de protection autour de soi : parents, amis, sage-femme, doula ou tout autre professionnel de la maternité avec une approche humaine et rassurante.

Que chacune de ces personnes choisies puissent permettre à chaque femme, à chaque couple de révéler leur potentiel, car tout est en soi.